Depuis sa création en 2006, Twitter s’est forgé un lien fort avec le sport. Un véritable atout qui permet une interaction étroite entre les fans, mais aussi parfois avec les athlètes. Cependant, alors que la liberté de la plateforme de débat qu’est Twitter a toujours été son plus grand atout, c’est aussi sans doute son plus gros défaut.
La rivalité est-elle en cause ?
Pour le meilleur ou pour le pire, Twitter a bien souvent captivé ses utilisateurs. Sur le réseau social, on s’aperçoit rapidement que les événements sportifs ne sont plus seulement de simples rencontres sportives, mais bien des moments d’une grande importance culturelle. Ces événements sont commentés, décryptés, glorifiés par les milliers de personnes qui affluent sur le réseau social et y expriment leur opinion. Par conséquent, l’onglet « Tendances » de Twitter est souvent dominé par les événements sportifs, remplis de discussions, de plaisanteries, et de « trolls ».
Les rivalités sportives existent depuis le début du sport. Elles peuvent dresser par exemple des voisins les uns contre les autres, transformer des amis en ennemis. Souvent, les rivalités font ressortir le meilleur des stars du sport, mais malheureusement aussi le pire des fans de sport. Ces dernières décennies, la transition vers l’ère des réseaux sociaux n’a fait qu’accroitre le niveau de virulence des critiques. Pour beaucoup d’utilisateurs de Twitter, ce superbe outil de communication est ainsi devenu une plateforme remplie de haine et de propos malveillants. Twitter procure à ses utilisateurs un anonymat qui permet à quiconque de critiquer derrière la sécurité de son écran.
Une culture de l’impatience ?
Dans la société actuelle, l’impatience est l’un des maîtres mots du sport. Chaque jour, de nombreux utilisateurs parcourent Twitter, parfois longuement, à la recherche du moindre soupçon d’information. Cette dépendance fait partie du problème. Twitter traite souvent dans l’absolu, mais le sport est flexible dans sa nature. Son imprévisibilité fait sa beauté. Une équipe peut perdre parce qu’elle n’a tout simplement pas performé tel ou tel jour. Sur les réseaux sociaux, le résultat est scruté et sensationnalisé. En fin de compte, la défaite n’est plus seulement une mauvaise performance, mais une multitude de problèmes. Les chroniqueurs sportifs débattent, les interviews des joueurs sont analysées, et pendant ce temps, le sensationnalisme s’accroit.
Sur Twitter, le constat est désormais simple. Une équipe gagne, c’est la meilleure qui ait jamais été. Elle perd, c’est la pire de tous les temps. C’est une pratique constante de sensationnalisme et d’impatience. Le championnat anglais de football, la Premier League, est la plus grande victime sportive de cette culture de l’instant. Les fans et suiveurs du championnat britannique pensent souvent qu’il existe une solution rapide à chaque problème, créant une immense pression pour que les clubs agissent directement après un mauvais résultat. Au cours de la saison 2019/2020 de Premier League, neuf managers ont ainsi été limogés, et bien que les propriétaires des clubs puissent mettre en cause d’autres facteurs, c’est souvent le poids des médias sociaux qui influence les décisions.
Quand le troll devient-il un abus ?
Malheureusement, de nombreuses stars du sport sont également la cible de harcèlement sur Twitter. Contrairement à d’autres célébrités, les athlètes voient leur carrière être constamment affichée dans les médias. C’est une exigence de leur profession. La portée mondiale de Twitter signifie que l’exposition est généralisée. C’est devenu un creuset de spéculations, des milliers de voix produisant des milliers d’opinions. Une étude récente de la BBC indique ainsi que 30 % des athlètes britanniques ont déclaré avoir été trollés sur les réseaux sociaux en 2020. Cette même statistique était de 15 % en 2015. De nombreux athlètes décrivent notamment le langage « menaçant », et les échanges « effrayants » qu’ils ont endurés. 20 % expliquent également avoir subi du racisme sur le réseau social à l’oiseau bleu.
À l’instar de la Premier League, de nombreux championnats ont été touchés par cette problématique ces derniers mois. En France, en Italie ou en Espagne, les joueurs pris dans une déferlante de propos racistes sur Twitter se comptent désormais par dizaines. En conséquence, Twitter peut-il continuer à respecter cette ligne de démarcation entre le simple « troll », et le véritable harcèlement qu’y subissent certains athlètes ? Les trolls de Twitter peuvent varier de l’absurde à l’offensant. Sous n’importe quel tweet sportif, ils seront là, cachés. Les trolleurs et les super fans sportifs partagent la même plateforme, mais pas les mêmes idéaux. Être témoin d’un débat juste et civil sur le sport semble être une rareté, presque une illusion qu’on ne trouve que trop rarement sur le réseau social américain.
Crédit photo de Une : Brett Jordan / Unsplash