Après un an de « vide », les évènements sportifs retrouvent petit à petit leur public. Une bonne nouvelle pour les acteurs du sport, mais aussi une équation pas si simple à solutionner. Tous restent sur le qui-vive.
Le paradoxe des jauges. Alors que le sport est le théâtre du dépassement de soi et de l’abnégation, qu’il suscite en temps normal une ferveur extraordinaire, il doit à présent « vivre » apprivoisé par le Covid-19, sous jauge. Il n’empêche que l’évènementiel sportif français ne boude pas cette demi-mesure. Trop longtemps asphyxié par les huis-clos, les organisateurs accueillent ce retour partiel du public comme une bouffée d’oxygène, nécessaire pour le spectacle, et vitale sur le plan économique.
Reste que cette nouvelle donne exige une organisation minutieuse. Habitués à faire le plein, ils doivent à présent sortir la calculette et œuvrer en totale coopération avec les autorités publiques pour imaginer des plans d’accueil suffisamment « covid-friendly », qui rentrent dans les clous d’un protocole sanitaire à la fois rigoriste et évolutif.
Roland-Garros a été le premier évènement majeur de l’année 2021 à l’épreuve, et force est de constater que la FFT a su faire jouer de ruse en segmentant le complexe en 6 différentes zones ERP PA (Etablissement recevant du public en plein air) pour exploiter au mieux le potentiel réceptif. En jouant tout en respectant les limites du cadre législatif qui établissait la limite à 1000 spectateurs, le tournoi a ainsi pu accueillir 5 388 visiteurs les 10 premiers jours sur l’ensemble du site, puis 13 146 à partir du 9 juin, en exploitant la limite de 5 000 spectateurs sur trois zones distinctes, le tout sur présentation du pass sanitaire.
Très précieux pass sanitaire
Et si le pass sanitaire était le salut pour l’évènementiel sportif ? Il est et sera dans tous les cas un sésame d’entrée aux manifestations sportives pour ses détenteurs.
C’est d’ailleurs à partir de ce papier numérique que les évènements sportifs peuvent depuis le 30 juin, accueillir jusqu’à 100% de leur capacité ordinaire sur décision du préfet, et selon l’appréciation des organisateurs. Avant cette échéance, plusieurs d’entre eux avaient d’ailleurs déjà joué des coudes pour obtenir des dérogations gouvernementales.
La LNR a par exemple su trouver les bons mots pour que Matignon considère le « caractère exceptionnel de la finale du TOP 14 » et fasse une exception à la jauge limite de 5000 personnes, en autorisant 14 000 fans répartis dans trois zones étanches du Stade de France et tous détenteurs du Pass Sanitaire, à assister au match entre le Stade Toulousain et La Rochelle vendredi dernier.
500 km plus au sud, le 28 juin, ce n’est pas un organisateur, mais une collectivité qui a pris les devants en s’appuyant sur l’existence du pass sanitaire pour organiser un évènement de masse. À l’occasion de France – Suisse, la Ville de Lyon a décidé d’installer un écran géant dans le Matmut Stadium de Gerland et d’ouvrir sa première fan zone à 10 000 supporters pour retransmettre les matchs des Bleus.
Si la situation semble se décanter, la portée du pass sanitaire reste à géométrie variable
En l’occurrence, les 4 premières étapes du Tour de France n’ont pas pu faire d’entorse à la jauge de 5000, et se contenter de protocole très strict d’ASO. Le Grand Départ ainsi que les 4 arrivées bretonnes se sont vus limités à seulement 4000 spectateurs, disposant d’une attestation vaccinale complète, un test PCR ou un test antigénique négatifs de moins de 48 heures.
Et pour le reste de la Grande Boucle ? L’organisation naviguera à vue, en prenant en compte l’évolution de la situation sanitaire. Si les jauges limites ont disparu depuis le 30 juin, le public sera accepté debout avec 4m2 par personne, selon une jauge définie par le préfet en fonction des circonstances locales et des mesures barrières. Rien que ça !
La suite au prochain épisode donc, car le retour total du public dans les stades et site hors-stade est loin d’être si limpide. La fin de l’été, et la reprise des championnats professionnels donnera une tendance. En attendant, plusieurs clubs marqués par le casse-tête des jauges, puis l’imposition brutale des huis-clos lors de la dernière saison, ont tout bonnement décidé de se passer de campagne d’abonnement. Faute de visibilité, par souci d’agilité, le FC Nantes, ou encore l’OM, ont d’ores et déjà opté pour des billetteries ponctuelles pour chaque match à domicile.
Crédit photo à la Une : Keneo Servicing