Les NFT font une entrée remarquée dans le monde du sport. S’ils ne font pas encore l’objet de toutes les convoitises, les clubs et ayants-droit s’intéressent de plus en plus à ces jetons numériques qui représentent une source de revenus alternative et un nouveau moyen d’engager les communautés.
Voir et penser plus loin, plus grand. Dans cette société mondialisée, le monde du sport, plus que jamais mis en concurrence avec d’autres industries du divertissement, est obnubilé par une mission : se challenger pour engager, encore et toujours plus les communautés, si possible en créant de la valeur économique. Si les leviers d’activation sont légions, depuis quelques années, c’est bien l’univers digital et sa galaxie d’étoiles numériques qui tirent les ficelles d’une politique expansionniste et fédératrice.
Les grands acteurs du sport l’ont bien saisi, et se sont armés d’une forteresse 2.0, compartimentée en une flopée de réseaux sociaux via lesquels interagissent des dizaines, voire des centaines de millions de fans. Reste que les réseaux sociaux ne sont qu’une partie de l’iceberg. Derrière ce côté pile ultravisible, une face de moins en moins obscure : la blockchain et ses tokens.
Début 2020, la Juventus, Paris Saint Germain, l’Atlético de Madrid, Galatasaray, West Ham, AS Roma et FC Barcelone – pour ne citer qu’eux – se lançaient dans cette technologie dérégulée de stockage et de transmission d’informations, dans l’objectif de sublimer la relation club/fan. Plus précisément, en se liant à l’application Socios.com basée sur la blockchain Chi Liz , chacune de ces entités a créé sa propre monnaie virtuelle pour impliquer et récompenser tout propriétaire de tokens. Osée, l’orientation n’en demeure pas moins subtile tant elle permet de répondre à une fan base totalement décloisonnée en concernant des supporters du monde entier dans la vie quotidienne du club. Oui mais voilà, en matière d’engagement, il n y a pas de complaisance.
Les Non Fungible Tokens
Une actualité en chassant une autre, les acteurs du sport doivent constamment se mettre à la page. Dernière lubie en date : les Non Fungible Tokens. NFT pour les intimes n’est autre qu’un actif qui possède des propriétés uniques sous forme de jeton numérique. Si cet acronyme aux apparences technocratiques suscite tant d’intérêt depuis le début de l’année 2021, c’est qu’il repose sur des notions de rareté et de collection lesquelles ouvrent des périmètres d’exploitation et de valorisation très large pour les acteurs du sport. C’est dans ces circonstances que la NBA s’est associée à la société de blockchain Dapper Labs pour imaginer un marché en ligne où les fans peuvent acheter et vendre des clips vidéo de matchs de basket-ball professionnel. Opérationnelle depuis le dernier trimestre 2020, cette plateforme propose des œuvres d’art et des vidéos en édition limitée illustrant des moments mémorables du basket professionnel américain.
Après quelques mois d’activité, le pari NFT de la NBA semble remporté : plus de 500 millions de dollars de chiffre d’affaires ont déjà été générés par la vente de clip. Et comme dans tous marché de collectionneurs, certains biens sont plus prisés que d’autres. Une vidéo, qui mettait en scène la superstar du basket-ball LeBron James exécutant un dunk sur Kobe Bryant s’est envolée à 387 000 dollars. Rien que ça !
Cap vers Sorare, le Panini version NFT
« Rien ne se perd, tout se transforme », selon la célèbre formule de Lavoisier. L’histoire des cartes à collectionner s’écrit dans cet esprit. Pour le comprendre, il faut jeter un coup d’œil dans le rétroviseur et se souvenir qu’en 1961, Panini lançait un concept inédit de vignettes de football à acheter, échanger si besoin, et coller. Une idée diaboliquement efficace qui a façonné l’enfance de tout fan de football qui se respecte.
Près de 60 ans plus tard, l’histoire se poursuit avec l’arrivée de Sorare qui propose une fantasy league axée autour de l’acquisition et l’échange, sous forme de NFT, de cartes à collectionner de joueurs de football. Très concrètement, la rareté et l’authenticité de chaque carte est garantie par la blockchain Ethereum, laquelle permet à chaque joueur de devenir une crypto unique. De plus, pour sortir son épingle du jeu, Sorare mêle habilement réel et virtuel, en s’appuyant sur les performances terrain des joueurs dans le cadre de ses compétition fictives.
Les acteurs du sport ont bien assimilé la force de cette proposition de valeur inédite et engageante qui s’inscrit dans l’air du temps. Plus de 140 clubs européens se sont déjà rapprochés de la plateforme pour autoriser l’exploitation numérique de leurs joueurs. Euro oblige, les équipes nationales s’y mettent aussi, à commencer par la FFF ! Si ces acteurs cèdent à la tentation, c’est qu’en plus de mobiliser les communautés, Sorare est une source de revenu supplémentaire. Et pour cause, lorsqu’une carte est mise aux enchères pour la première fois par la plateforme, les clubs ou les fédérations bénéficient des royalties allant de 5 et 15% selon le produit vendu. Au total, 111 cartes par joueur chaque saison sont éditées, selon trois niveaux de rareté (rare, super rare, et unique), et vu les sommes dépensés par quelques fans, nul doute que clubs et fédérations doivent se frotter les mains. Le prix de certaines vignettes virtuelles donne même le vertige. La carte la plus recherchée de Cristiano Ronaldo pour la saison 2020-2021 s’est adjugée à 240.000 euros en mars dernier, tandis que la carte ultime de Kylian Mbappé est évaluée à 76 000 euros.
Créer ses propres pièces uniques
Un fan sportif est aussi attaché qu’il veut se différencier de sa communauté. Les clubs le savent, la passion, c’est aussi l’appropriation par la distinction. Les NFT sont justement l’outil idéal pour assouvir ce besoin. Pour les structures sportives, ces jetons numériques sont l’occasion de présenter des objets artistiques uniques en lien avec l’histoire du club.
Sur ce volet, le PSG s’est récemment distingué en lançant, avec la contribution de l’artiste Ludo, ses propres figurines virtuelles à collectionner, les Luckys Buddies. En proposant cette nouvelle expérience digitale, le Club souhaite tisser des liens d’un genre nouveau avec ses supporters. Décliné en en 5 variantes, selon 11 pièces uniques toutes habillées aux couleurs du club, par leur rareté, ces Lucky Buddies ont vocation à sublimer le sentiments d’appropriation des fans détenteurs.
Crédit photo à la Une : A.M Hasan Nasim / Pixabay